Pour cette journée du 31 Juillet, nous vous invitons à venir visionner notre mini-documentaire de portraits de Femmes qui sont liées, toutes à leur façon, à l’Afrique. Cette projection sera suivi d’un débat informel avec le public. A partir de 21h, l’enjaillance prendra le relais pour fêter la journée des Femmes Africaines comme il se doit! Au programme musique, à manger et à boire*. Nous vous attendons nombreux.euses à la projection-débat!
Astou, Christelle et Nawal étaient à Pajol pour l’Aid.
Astou : » une fête de l’Aid très atypique mais très chaleureuse. L’instant d’une soiree j’ai eu l’impression d’être chez ma grand mere à Gibraltar. Merci au comité de soutien des migrants et surtout à Fatou de nous avoir intégrées à leur projet.
Merci au collectif shakirail pour son accueil.
On a fait une belle action ce soir!
Aid Mabrouk! »
Il faut continuer à se mobiliser pendant cette période de vacances
Pour aider Mwasi à soutenir les réfugié.e.s des différents camps, vous pouvez faire une donation
Dimanche 28 juin, en fin d’après-midi, des membres du collectif MWASI se sont rendues aux deux camps de réfugiéEs du Square Jessaint et de la Halle Pajol dans le 18ěme arrondissement pour apporter nourriture, produits d’hygiène et vêtements. Nous avions préparé un plat à base de céréales et légumineuses, en pensant notamment (mais pas seulement) à celles et ceux qui allaient rompre le jeûne en fin de journée et qui allaient avoir besoin d’un diner particulièrement riche. Une camarade soudanaise a eu la gentillesse de nous y accompagner pour faciliter la communication avec les réfugiéEs arabophones, et certaines membres de MWASI avaient un niveau d’anglais qui s’est avéré utile.
Il nous semble indispensable de discuter autant que possible avec des personnes vivant de façon effective sur le camp afin de mieux nous rendre compte de leurs conditions de vie et de leurs besoins. Nous ne sommes pas dans une démarche « humanitaire » (avec toute la condescendance que cela implique), nous ne nous positionnons pas en « sauveuses » de « ces pauvres réfugiéEs ». Nous souhaitons avant tout effectuer un premier contact et évaluer la situation de notre point de vue et sans aucune prétention, et avons consciemment choisi de nous adresser en priorités aux premierEs concernéEs.
Notre traductrice ainsi qu’une membre du collectif ont escaladé les barrières du square afin de pouvoir s’entretenir avec une jeune femme en face à face.
Nous avons ensuite fait passer une partie des vivres à la jeune femme qui les a stockées avec ce qu’illes avaient déjà récupéré. Après une trentaine de minutes passées du côté du square Jessaint, nous nous sommes dirigées vers la halle Pajol.
Une cinquantaine de migrantES sont installéEs sur des matelas à même le sol. Un groupe de bénévoles et de riverainEs – que nous ne sommes pas en capacité de nommer puisqu’à la différence de nous, illes ne se sont pas présentéEs, sauf Madame F. – tiennent un comptoir avec un pôle alimentaire et un pôle pour les articles de première nécessité.
Nous nous sommes présentées, et avons confié les articles d’hygiène et les vêtements à Madame F., qui nous a accueilli chaleureusement mais avait l’air très occupée. Nous lui avons précisé que nous souhaitions nous assurer que les femmes du camp puissent disposer de ce que nous avions amené. Parmi ses collègues, certainEs ont été assez intrusif-ve-s, se tenant derrière nous et écoutant nos conversations. L’air fierEs d’elleux-mêmes, supérieurEs et désagréables, illes se greffaient à des conversations privées liées à notre organisation.
Monsieur D., qui vit sur le camp, est venu vers notre groupe, et nous a tendu un cahier: c’est une sorte d’agenda où sont notées les plages horaires des personnes présentes sur le camp. Il nous a expliqué comment s’organisait la distribution de la nourriture et de produits de première nécessité. Une bénévole a reçu nos dons en nourriture en les tenant du bout des doigts, comme s’il s’agissait de substances toxiques.
D’après Monsieur D., les réfugiéEs du square Jessaint viennent à la Halle Pajol par petits groupes pour s’alimenter. Illes manquent de couvertures, de serviettes de bain et de chaussures.
Une des rares femmes que nous avons vues sur le camp est malade et se plaint de douleurs. Monsieur D. nous précise que la maladie les touche régulièrement, jusqu’à devoir faire appel aux pompiers. Il nous présente à la malade en présence de la traductrice bénévole. Elle se plaint de démangeaisons et de douleurs à différents endroits, surtout aux dents. Les bénévoles du camp comptent l’accompagner à l’hôpital dans les prochains jours, même s’il semble que sa dernière visite lui ait laissé un souvenir violent.
Nous avons toutes été frappées par la façon dont certainEs bénévoles s’adressent aux résidentEs du camp. L’infantilisation y est monnaie courante ex: “C’est moi qui ramassent les femmes” “Je connais son cas je peux vous en parler “ (pendant qu’une membre du collectif, qui est infirmière, parle à la patiente). Ne pas signaler à la patiente qui a eu une expérience violente dans un hôpital que sont rendez-vous aura lieu dans le même établissement…
Nous ne nous sommes pas rendues à la Chapelle pour jouer au jeu des « meilleurEs militantEs », et nous sommes persuadéEs que si une aide doit évidemment être apportée à ces personnes fragilisées, cela ne dispense en rien de les traiter avec respect.
Les commentaires sur la page Facebook de Mwasi révélent également le malaise de la situation, en résumé les blancHEs sont sur le terrain donc sont légitimes. Evidemment que les riverains (qui ont quasiment fini de gentrifier ce quartier) ont une capacité d’action que des groupes de raciséEs non institutionnels n’ont pas. Se positionner en tant que sauveur/euses qui aident sans mentionner les dynamiques de privilèges de temps, d’argent, émotionnelles et psychologique ( ne pas subir la guerre systémique que le blantriacat livrent aux personnes racisées ça aide à être disponible émotionnellement et psychologiquement pour l’engagement) ou encore de ressources organisationnelles, est tout simplement malhonnête. Certaines militantes de Mwasi ne peuvent pas se déplacer dans les camps de migrantEs au vu de leur propres situations administratives, d’autres y sont allées plusieurs fois à titre personnel.
Nous tenons à rappeler qu’un groupe comme Mwasi est principalement composé de personnes qui vivent où ont vecu les conséquences des politiques migratoires, NOUS avons connu les files d’attentes à la préfecture, NOUS venons des familles qui doivent héberger des membres de notre communauté en migration, NOS familles sont en première ligne dans le support, NOUS avons eu les cartes de sortie de territoire pour mineure, certaines d’entre nous sont encore à lutter contre la préfecture pour des titres de séjours.
Les accusations qui nous sont portées ainsi que les problèmes d’infantilisation sont exactement les mêmes que l’on peut retrouver dans les rapport avec les ONG humanitaires dans nos pays ( Haiti, Congo, Sénégal etc..) : sous-entendre que nous ne faisons rien pour les nôtres, nier les privilèges économiques et sociaux qui permettent à certains de monopoliser et récupérer la parole et surtout aucune remise en question de la blanchité, et surtout ne pas voir le privilège blanc suprême, pouvoir défier la loi sans grave répercussions pour son intégrité physique ( Est-il nécessaire de ressortir la liste des victimes de la police ?!! )
Exemple de commentaire laissé sur notre page Facebook “ noter que les riverains qui ont immédiatement défié la loi et la police en surnombre sur place pour héberger , emmener à l’hôpital , veiller aux urgences pour que les médecins ne les oublient pas , trouver des solutions , organisés le comité de soutien … Sont aussi blanc(he)s en partie.
J’ai hâte de lire votre retour mais si vous avez mis 1 mois pour venir 20 minutes sur les différents lieux d’occupation , vous aller avoir du contenu à développer.” et d’autres commentaires tout aussi indécents ici. Ce type d’argumentaire est typique du complexe industriel de l’allié[i].
Nous n’accusons pas la totalité de l’équipe présente lors de notre passage, mais nous condamnons fermement leur silence face au manque de respect dont ont fait preuve certainEs de leurs collègues à l’égard des réfugiéEs du camp Pajol.
Il est légitime pour nous, Afroféministes, de s’interroger sérieusement sur les modalités de cette aide et de cet accompagnement, et se demander dans quelle mesure celleux-ci sont conditionnéEs par les penchants humanitaires légendaires du blantriarcat qui a, lui aussi, infantilisé des populations fragilisées en perpétuant des logiques racistes, sexistes et classistes au nom de «la bonne cause ».
D’après les quelques témoignages que nous avons recueillis, les réfugiéEs, semblent avoir besoin d’être entenduEs par des personnes qui les écoutent et les respectent avant tout. Les camps de migrantEs ne doivent être ni des zoos humains, ni des laboratoires d’expérimentation pour des individus en mal de pouvoir qui se sentent exister par le mépris, une tradition profondément ancrée dans les rapports entre blantriarcat et raciséEs d’ici ou d’ailleurs.
Mwasi continuera en fonction de ses capacité, à apporter de l’aide et du soutien à nos sœurs et frères, et ce avec le respect qui leur est dû. Nos histoires familiales personnelles, ( de l’école en passant par la CAF et la préfecture) ont laissé les traces de cette humiliation particulière, de l’ordre de celle/celui qui n’est pas en mesure de refuser de l’aide. Nous avons retrouvé ces dynamiques dans certaines interactions à La Chapelle.
[i] “ Le complexe industriel de ‘l’Allié’ a été édifié par des activistes dont la carrière dépend d’enjeux sur lesquels ils travaillent. Ces capitalistes à but non-lucratif font avancer leurs carrières au dépens des luttes qu’ils soutiennent ostentatoirement. Ils travaillent souvent sous couvert de ‘la base’ ou de ‘la communauté’ et ne sont pas nécessairement liés à une organisation.
Ils construisent un pouvoir ou des capacités organisationnels ou individuels, et s’établissent confortablement au sommet de leur hiérarchie de l’oppression en s’efforçant de devenir les alliés ‘vedettes’ de la majorité des opprimés. Tandis que l’exploitation de la solidarité et du soutien n’est pas nouvelle, la marchandisation et l’exploitation de la ‘solidarité’ est une tendance montante dans l’industrie du militantisme. “ A lire ici