Mwasi-Collectif participait au forum des Féminismes noirs, les 5 et 6 Septembre 2016, cette rencontre a donné lieu à la rédaction d’une déclaration commune pour affirmer notre combat pour la libération et la justice
« Nous, plus de 200 Féministes Noir.e.s provenant de tous les continents et dans toutes nos diversités, réuni.e.s au Brésil au forum des Féminismes noirs sous le slogan “Les chemins parcourus ensembles”
Défiant nos propres frontières et celles qui s’opposent à notre révolution, en tant que féministes heureus.e.s, sain.e.s et fièr.e.s, de réaliser nos rêves les plus fous de libération, pour nous-mêmes, nos terres, nos territoires, et les vies que nous défendons dans la diversité de notre Négritude, de nos capacités et nos identités.
Durant ces 2 jours, nous avons discuté de l’avenir, de la construction des Féminismes Noirs dans le monde, de la défense de nos territoires, de nos communautés, des nos peuples, de la résilience, de la résistance, du colonialisme, de la guerre, des droits reproductifs, du racisme, du sexisme, du patriarcat, des orientations sexuelles, des identités de genre, de l’art, de la violence, d’alliances transnationales, intergénérationnelles, entre beaucoup d’autres thèmes.
Reconnaissant nos spiritualités ancestrales et nos identités culturelles en constante réinvention comme des piliers fondamentaux pour la défense de nos droits en tant que communauté.
Nous reconnaissons la résistance active des Femmes Noires, qui vivent toujours dans des conditions de pauvreté, d’exclusion, d’invisibilisation et de marginalisation social, politique et économique. Nous manifestons à la fois l’urgence de transformer les modèles de pouvoir, de production et de partage du bien être pour qu’ils respectent nos existences.
Nous reconnaissons les apports historiques des Féministes noir.e.s dans la réinvention des Féminismes depuis une approche intersectionnelle, articulant le racisme, le patriarcat et le capitalisme.
Nous rappelons que le racisme est un facteur d’aggravation de nos conditions en fonction de nos orientations sexuelles, identités de genre, notre classe, conditions migratoires, âge, de leur handicap, entre autres choses,
Nous dénonçons le racisme environnemental derrière les épidémies de dengue, zika, chikungunya et autres dans les communautés noires, indigènes et pauvres, et la violation de notre autonomie reproductive.
Nous dénonçons les rapports de domination et le monopole sur les ressources féministes des organisations occidentales majoritairement blanches, ayant accès à tous les espaces pendant que nous luttons pour créer les nôtres.
Nous dénonçons la militarisation mondiale de la police et le complexe industriel carcéral d’Amérique du Sud, à l’Afrique, en passant par les Etats-unis, responsable d’un génocide des Noir.e.s et nous demandons à ce que le forum dénonce ces pratiques afin de déclarer clairement et avec force que TOUTES LES VIES NOIRES COMPTENT.
Nous réclamons que nos réalités en que sujets politiques soient explicitées et prises en compte dans tous les débats, décisions et conclusions de ce 13e forum féministe international de AWID
Nous dénonçons le coup d’Etat contre la présidente du Brésil, Dilma Roussef, comme constitution d’une attaque à la démocratie, la primauté du droit et un obstacle à la participation politique des femmes.
Nous exprimons notre solidarité féministe au peuple brésilien, en particulier les personnes noires et autochtones, les plus affectées par ce recul politique, nous exhortons le 13e forum féministe international de AWID à se prononcer de manière claire contre cet outrage politique.
Nous reconnaissons les énergies, la disponibilité et les efforts , des organisations, artistes, et militant.e.s Noir.e.s du monde qui ont intégré l’équipe de travail du forum des Féminismes Noirs, et qui ont permis que celui-ci soit possible. »
Déclaration additionnelle relative à la francophonie
Cette partie est issue des discussions au sein du forum des Féminismes Noirs, des personnes utilisant le français comme langue de communication
« Quant à la francophonie, qui découle de la domination coloniale et impérialiste, elle ne peut être pensée comme un espace neutre politiquement. Toutefois, la langue française, qui en découle, est la langue qui nous rassemble.
Nous, les organisations francophones présentes au Forum AWID de 2016, sommes navré-e-s de constater que l’espace dit « francophone » au forum aie été géré par une organisation dont le siège social est basé en France, ceci, malgré le fait que la majorité des membres francophones de l’AWID viennent de l’Afrique ou vivent dans des pays occidentaux où les féministes d’ascendance africaine sont systématiquement marginalisé-e-s en faveur des autres courants féministes.
Nous aurions aimé être associé-e-s à la création de cet espace. Nous demandons une explication à propos du processus employé par Genre en action en partenariat avec l’AWID pour former l’espace ainsi que plus de transparence à l’avenir. Il ne devrait pas y avoir de village francophone sans que toutes et tous les francophones soient mises à contribution dans le processus d’organisation (ressources, visibilité, gestion, responsabilités, communication, etc.). Nous aimerions utiliser l’espace francophone dans nos propres termes. »
(Le groupe de Féministes noires francophones en pleine réunion)